La photographie fut pour Henri Cartier-Bresson un moyen parmi d’autres d’exercer son intelligence du monde, de créer un « imaginaire d’après nature ». Cet « outil » est toujours resté en relation avec sa pratique première de la peinture et du dessin. L’art du tir à l’arc zen, auquel il se réfère, vient insérer la photographie dans un cadre symbolique original qui couronne une réflexion profonde, invalidant les distinctions propres à la culture occidentale entre discipline physique, exercice spirituel et activité artistique. Le photographe-archer devient ainsi maître de l’instant en pratiquant un » art sans art « . Henri Cartier-Bresson apporta son éthique au reportage, faisant du photographe le Seigneur de l’occasion, le Maître des coïncidences. Puis, les nœuds qu’il a si vivement ourdis avec le temps grâce à l’outil photographique seront patiemment renoués avec le dessin. En présentant au public à la fois les peintures, les dessins et les photographies d’Henri Cartier-Bresson, cet ouvrage propose un regard neuf tant sur son œuvre que sur l’art des reporters photographes dont il se réclamait.